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21 février 2010 7 21 /02 /février /2010 07:24

Bonjour,

Sans doute pour occulter le présent et les émotions qui vont avec, je préfère me souvenir...

Il y a 3 ans, je quittais l'hôpital après un séjour d'une semaine. Le premier séjour en lien avec l'alcool.
Mauvais souvenir ? Oui et non.
Non, parce que ce séjour a marqué le début de mes actes pour sortir de cette situation que j'étais, à l'époque, incapable de définir.

Mauvais souvenir, oui. Et voilà pourquoi :

"Dimanche 11 février 2007 : la descente aux enfers. Comme chaque week-end depuis...quand ? des mois, voire des années, voire une décennie, la solitude, le sentiment d'abandon m'envahissent et m'emmènent vers le fond. 2 solutions : tout arrêter ou faire quelque chose pour que mes enfants ne voient pas cela."        (ils étaient absents).

Voilà ce que j'écrivais à l'époque sur un de mes p'tits cahiers dont je parle dans un précédent article.
Alors j'ai décidé de demander de l'aide. J'ai sollicité mon entourage pour aller aux urgences hospitalières. Il était environ 15 heures, j'avais bu depuis la veille, seule chez moi, avec seulement une petite pause de sommeil agité. Cela faisait des mois que je ne dormais pratiquement plus, des mois que je ne mangeais pratiquement plus. L'alcool était quasiment ma seule source alimentaire.

S'en est suivi : une prise de sang aux urgences. Verdict :3,26 grammes d'alcool par litre de sang. Premier choc ! Comment moi, une femme, plutôt maigre à ce moment là, ai-je pu marcher jusqu'au bout ? me souvenir encore maintenant de pratiquement tout ?... avec 3,26g ! Surprise, mais je ne voyais toujours pas la réalité : j'avais seulement un problème avec l'alcool. Je voyais ma douleur, ma souffrance et le mal que je faisais aux autres.

"Je ne suis pas superwoman ! J'ai envie de dormir. Ca fait tellement longtemps. Vous me gardez ?"

Voilà les mots dont je me souviens et que j'ai lancés au psychiatre venu me rencontrer, comme sans doute un dernier appel au secours.
"Oui!" m'a-t-il simplement répondu.
Ambulance, transport dans un service...très particulier. Je ne pense pas utile de parler de l'endroit. Il était ce qu'il était. J'ai mal vécu qu'on m'y emmène, mais j'avais une seule obsession : dormir.
16 heures de sommeil par jour. Des patients tellement différents, mais dont la rencontre m'a tellement apporté.

Quelques jours après mon arrivée, le medecin me demande de tendre les mains pour observer d'éventuels tremblements. Rien. Génial ! je ne tremblais plus. Et encore plus génial : il me regarde et me dit "Madame, vous n'êtes pas alcoolique !"

Waouh ! Tout ce que j'avais envie d'entendre. Quel soulagement !!!! J'ai pensé : Bon,ben je n'ai plus rien à faire ici. Je vais rentrer chez moi et reprendre le cours de mon existence. Ca n'était qu'un accident de parcours.
Je suis sortie le lundi, et je reprenais le travail le lendemain, certaine que je me servais de  l'alcool comme un simple outil pour soigner ma dépression. Quelle erreur !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

Je l'ai compris bien plus tard...

Ce que je retiens aujourd'hui de ce premier épisode : 

La qualité des soins et de l'écoute me semblent essentiels pour l'alcoolo-dépendant qui est encore en phase de déni : je le répète, c'était un appel au secours.
Même si je lui ai pardonné, je ne peux m'empêcher encore aujourd'hui de me demander si ce fameux médecin a dit (ou pas...) la même chose à Evelyne, ma voisine de chambre, qui s'est suicidée 6 mois plus tard ?

Même si mon premier essai n'a pas tout réglé, c'était déjà un premier pas vers une nouvelle vie, car j'avais osé demander de l'aide.

N'aie pas de mépris, même pour l'homme qui ne peut obtenir son salut que d'une assistance étrangère : c'est un grand point déjà de vouloir être sauvé.
Sénèque

C'est lui qui l'a dit...

A bientôt 






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Hervé Chabalier - Le Dernier pour la Route

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