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10 février 2010 3 10 /02 /février /2010 05:41
Bonjour,

Il est 5h42, la ville s'éveille... et je n'ai pas sommeil...

Mais tant mieux ! La nuit a été douce et constructive : je me suis réveillée à 4h45 de bon pied et de bonne humeur, plutôt apaisée, reposée et j'ai ainsi le temps de faire plein de choses avant d'aller au travail. De vivre pleinement quoi !

Ca n'a pas toujours été le cas...

Tant de matins douloureux après une nuit agitée, comblée de cauchemars, de réveils en sursaut "j'ai soif" : pas soif d'alcool, mais de cola bien frais. Ca s'appelle la gueule de bois, et tout le monde connaît, ou à peu près. Jusque là rien de très étonnant. 
Le coucher, lui était sûrement différent de celui d'une personne non alcoolodépendante. Pourquoi ? Parce ce que tous les soirs étaient les mêmes : des soirs alcoolisés.
Même façon de boire : un verre qui me soulageait, un autre qui me soulageait un peu plus, et puis de plus en plus d'alcool, de plus en plus vite au fil des heures... jusqu'au "trop plein" : le moment où mon esprit se détachait de mon corps. Pendant que le premier voguait vers des pensées de plus en plus tristes, le deuxième était de plus en plus décoordonné. Ca s'appelle aussi tituber, heurter les meubles, tomber... 

Envie de vomir ? Non, pas que je me souvienne.

Cette envie là, c'était le matin. Avec les tremblements.
Et puis avec l'aide du temps et de l'accoutumance physique, le grand appel de la cuvette dès le lever (dans la brume complète bien sûr).

Comment pouvais-je arrêter ces tremblements et ces nausées ? Et bien une seule solution : boire.

Alors je peux vous l'affirmer aujourd'hui : j'ai envie de penser à ces moments là pour apprécier encore plus les moments d'aujourd'hui. Car ce matin, je suis reposée, j'ai toute ma lucidité, je n'ai pas envie de vomir, je ne tremble pas si ce n'est de bonheur d'en être arrivée là...

J'arrête de boire. Combien de matins, bouffi devant le miroir de ma salle de bains, la tripe éclatée, la gerbe hésitante, la tête dans la cuvette, la bouche en carton, ai-je pris cette résolution ?
Hervé Chabalier - Le Dernier pour la Route

C'est lui qui l'a dit...

...et  je me reconnaîs dans son témoignage

A bientôt



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commentaires

L
<br /> Le matin a bien souvent été un moment redouté pour moi, non pas en tant qu'alcoolo-dépendante mais en tant que fille d'alcoolo-dépendante.<br /> La veille au soir avait été comme d'habitude le siège d'une engueulade alcoolisée avec ma mère où je n'avais pas ma mère en face de moi mais la petite fille de l'Exorciste. Insultes de sa part,<br /> mots blessants et geste brusques de la mienne, uniques réponses dont j'étais capable au bout de 4 ans. Et bien entendu, le lendemain matin, c'était une petite fille fragile, penaude, consciente<br /> d'avoir encore abusé du jus de raisin qui s'approchait de moi pleine d'excuses et de promesses.<br /> Mais bientôt le matin ne fut plus le temps de la rédemption. La soif s'est faite sentir de plus en plus tôt et en abondance. En colère, choquée et désespérée de voir qu'aucun moment de "répit" ne<br /> nous permettrait plus à ma mère et moi de nous retrouver en dehors de ce monde, dans une relation "normale" et saine.<br /> J'ai longtemps maudit cet alcool qui me volait ma mère et aujourd'hui encore, après sa "guérison", ma relation à l'alcool est plus qu'un rejet. Le paradoxe étant que ma mère buvait parce qu'elle<br /> était envahie par un sentiment de solitude, dont j'étais en partie la cause, et qu'il aura fallu l'alcool pour me faire réaliser à quel point j'aimais ma mère, à quel point elle me manquait, et à<br /> quel point j'avais besoin d'elle.<br /> <br /> <br />
Répondre
D
<br /> Bonjour Laëtitia,<br /> <br /> Je ne m'attendais pas à lire un tel message dès le matin... Un message dont l'émotion qui s'en dégage ne peut que m'emplir... d'émotion !<br /> <br /> Je crois que tu (j'ai le tutoiement facile...)  résumes bien la situation. Car il s'agit bien d'un résumé : il y aurait tant à raconter n'est-ce pas ?<br /> 2 êtres qui s'aiment, 2 êtres qui souffrent. Et une bouteille au milieu. Peut-être cette fameuse bouteille à la mer...?Tu parles de promesses. Ce mot m'a<br /> interpellée car je pense qu'il fait partie du vocabulaire de tout alcoolodépendant. Je me souviens avoir tant voulu tenir mes promesses. J'étais sincère lorsque je l'exprimais, mais je ne savais<br /> pas reconnaître la différence entre vouloir et pouvoir.<br /> Je voulais tellement de choses, et comme je ne pouvais pas et bien je n'ai plus voulu ! Baisser les bras. Un thème que j'aborde dans mon dernier article. http://unebouteillealamer.over-blog.org/article-le-chemin-de-vie-45467753.html<br /> En tous les cas, ce message me laisse penser que ta maman a beaucoup de chance d'avoir une fille telle que toi et je suis certaine que le "vice-versa" fonctionne aussi.<br /> Toutefois, je sens de la culpabilité dans tes propos.<br /> Et cela relance la grande question : pourquoi devient-on alcoolodépendant ? Tellement de personnes connaissent ce sentiment de solitude sans le devenir...<br /> Facteurs favorisant le terrain : culturels, psychologiques, héréditaires.<br /> Alors pourquoi ne pas se dire tout simplement : c'est comme ça, faute à pas de chance ?<br /> Sans chercher les uns et les autres à se rendre responsables pour tout ou partie ?<br /> (sans toutefois se plonger dans la victimisation)<br /> L'important n'est-il pas aujourd'hui, qu'une famille s'est retrouvée ?Bien à toi et merci encore pour ton témoignage<br /> <br /> Nous portons les cicatrices de nos blessures. A nous de les honorer car elles disent ainsi que nous avons survécu et que peut-être cela nous a rendu plus fort,<br /> plus lucide.<br /> Jacques Salomé<br /> C'est lui qui l'a dit...<br /> Et je n'ai pas réussi à m'empêcher de le répéter !<br /> <br /> <br />

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  • : Dignes du bonheur
  • : L'alcool et moi : une grande histoire ! Ca va, ça vient... Aussi, j'ai envie de partager mon expérience...
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"Comme un serpent qui mue, je dois perdre mon ancienne peau, imprégnée de goûts et d'arrière-goût d'alcool."
Hervé Chabalier - Le Dernier pour la Route

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