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4 juin 2010 5 04 /06 /juin /2010 06:47

Bonjour,

 

Assister à un groupe de parole entre alcoolodépendants est une expérience utile et intéressante.

 

Cela permet de ne pas oublier ce que je suis, de parler si j'en ai envie, d'échanger, mais aussi d'écouter les autres.

 

Ne fréquentant pas, à tort sûrement, d'association, j'assiste à ce type de rencontres toutes les 2 semaines. A chaque fois, je suis frappée par les parcours différents, les comportements différents : femmes, hommes, jeunes, moins jeunes, avec une histoire propre.

 

Certains sont en cours de sevrage prêts à partir en cure - lorsque c'est la première (après avoir cru que les 10 ou 15 jours de sevrage répétés suffiraient à les sortir de là), beaucoup de questions. Je sens en eux de l'espoir, mais aussi de l'appréhension. Et ce lieu d'échange est sans doute l'endroit idéal pour oser puiser des informations.

 

Mais il y a aussi ceux qui sont en rechute après une, deux, trois... cures. Après 1, 2, 3,... voire plus de 10 années d'abstinence. Force est de constater que c'est bel et bien la réalité : jamais à l'abri. Pas toujours encourageant... Mais, l'évidence, c'est aussi que ces personnes là se battent encore, et encore. Quel beau message de vie, ou de survie (on l'analysera certainement différemment suivant son moral !).

 

Il ya ceux qui sont en rechute et ne veulent pas l'avouer, même devant d'autres malades. Arrivés alcoolisés (Je m'en aperçois rapidement : "ça n'est pas à un singe qu'on apprend à faire la grimace" !), ils ont un besoin intense de parler. Je devrais plutôt écrire "arrivé(e) alcoolisé(e)", car cela n'arrive pas souvent.  Pour moi, l'effet miroir est immédiat. Les conséquences du poison sur leurs propos ne sont pas originales. Les mots sont lâchés du tact au tac et inspirent une grande  tristesse, du désespoir parfois. C'est bien qu'ils soient venus à ce groupe de parole. Le "flagrant délit" et leur discours que je ressents comme un appel au secours sont alors pris en charge par le milieu médical, et une nouvelle porte s'ouvre...

 

Et puis, il y a ceux qui sont abstinents, comme moi ! Depuis peu ou depuis longtemps. Enfin une note de gaîté ! Ce sont les plus calmes. Pas forcément plus heureux pour autant, mais en tous les cas libérés et contents de l'être, et parfois dégageant une énergie positive que j'envie !!!

 

Mais ce que je retiens aussi à chacune de ces expériences, ce sont les 2 mots qui reviennent le plus souvent :

1. alcoolodépendant. Normal d'appeler un chat un chat. Mais c'est LE lieu où on peut lâcher l'expression deux fois dans une phrase sans être jugé, alors on ne se gêne pas, on en profite, même !!!

2. émotions. Le point commun entre tous : ces foutues émotions que nous ne parvenons pas à gérer, à canaliser, à recevoir sans les amplifier... Sûrement une des origines importante de notre "mal à dit".

 

Alors malgré toutes nos différences, pendant ce moment de partage, qu'il soit pertubant ou pas, nous sommes "entre nous-même", et même dans le silence, je m'entends parler...

 

L'aspect le plus attrayant d'une personne est souvent celui qu'elle s'éfforce de dissimuler, celui qui llui paraît le moins engageant. Et lorsqu'on le met au jour, il devient un lien secret, une chose que l'on n'évoque jamais mais qu'on garde contre son coeur en ressentant, chaque jour, une égale émotion.

Stephen Mc Cauley

 

C'est lui qui l'a dit...

 

A bientôt

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Hervé Chabalier - Le Dernier pour la Route

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