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29 mai 2010 6 29 /05 /mai /2010 07:07

Bonjour,

 

Aujourd'hui, je souhaite parler à nouveau du regard des autres.

 

Je m'aperçois que même si je parle plus facilement de ma maladie, je ne l'évoque facilement qu'avec des personnes que je connais, car je crois qu'au plus profond de moi, j'ai honte.

Si tout mon entourage familial, amical et certains de mes collègues sont au courant depuis un certain temps, je me souviens très bien de mon appréhension en attendant leur réaction à cet aveu. Car il s'agit bien d'un aveu : révèler un fait dont je ne suis pas fière.

Jusque là, j'ai eu beaucoup de chance avec mes interlocuteurs : la plupart d'entre eux a compris, a écouté, a cherché à comprendre.

Une seule personne est dans le déni total : mon père. Impossible pour lui d'imaginer sa fille alcoolo-dépendante.

Je sais toutefois qu'il est là, et bien là, à mes côtés, mais à sa manière.

Ses propos sont quelquefois blessants : lorsqu'il évoque untel (jamais unetelle, car pour lui c'est sûrement inconcevable) "qui boit du matin au soir". Il ne se rend pas compte de l'effet "miroir" que cela produit chez moi.

D'autres propos peuvent être  comiques et douloureux : lorsqu'il m'écrit alors que je suis en cure de désintoxication : "Nous sommes enchantés que tu puisses profiter de ce centre de remise en forme, et que tu les fasses avec sérieux."

Que de messages j'ai reçus en une phrase !

Non-dit et pression, voilà ce que j'ai reçu. Pour le non-dit, j'ai l'habitude  , cela fait partie de mon éducation et évoqué en ces termes m'a fait plutôt sourire. Quant à la pression, j'ai senti qu'il souhaitait un miracle que je n'étais pas certaine de lui offrir et un certain doute sur mes capacités. .

La suite des évènements a prouvé qu'il avait raison. Décevoir son père, même s'il ne le montre pas, voilà un regard que j'ai du mal à gérer.

Toutefois, je me suis apaisée face à son comportement et je n'ai aucune rencoeur: nous poursuivons dans le non-dit, car c'est le seul moyen de nous épargner l'un et l'autre...

D'autres personnes ont choisi de prendre du recul. Par méconnaissance de la maladie, me trouvant certainement moins amusante, ou ne sachant pas comment se comporter.

Je le respecte aussi.

Savoir accepter la différence, pardonner et se séparer des personnes "toxiques"... Je me suis rendu compte que c'était beaucoup plus apaisant que la colère qui mine et ne change rien dans le comportement de l'autre...

 

Quant à mes enfants, je crois que la honte et la culpabilité sont  toujours là. Je pense souvent à ces personnes malades d'un cancer (dont cetaines connaissances) et je ne peux m'empêcher de faire des rapprochements : une épée de Damoclès au dessus de la tête jusqu'à la fin de ses jours, mais aussi une différence essentielle : même si je crois foncièrement que leur maladie est rarement provoquée "par hasard" (pour moi, l'inconscient a un rôle essentiel dans les maladies organiques), dans le cas de l'a alcoolisation, c'est moi qui décide consciemment de reprendre cette fameuse bouteille...

 

Enfin, quant à mon environnement extérieur à ce cercle proche, je me sens un peu à part, différente sûrement, et ma hantise est qu'on apprenne ce que je suis devenue par la bouche des autres. Peur du jugement hâtif, sans pouvoir expliquer ma version.

 

Nous ne sommes nous qu'aux yeux des autres et c'est à  partir du regard des autres que nous nous assumons comme nous-mêmes.

Jean-Paul Sartre

 

C'est lui qui l'a dit...

 

Encore du progrès à faire de ce côté là...

 

A bientôt

 

 

 

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Hervé Chabalier - Le Dernier pour la Route

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